Georgina Siaba, lauréate du trophée "Ancien·ne élève des lycées français du monde" 2020


Publié le 25/09/2020

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Chapo
Ancienne élève des lycées français de Séoul, Kinshasa et Yaoundé, l'Ivoirienne Georgina Siaba a reçu le trophée « Ancien·ne élève des lycées français du monde » des mains du directeur de l'AEFE lors de la 8e cérémonie des Trophées des Français de l’étranger, organisée par Le petitjournal.com au Quai d’Orsay le 23 septembre 2020. Un trophée qui salue une magnifique initiative éducative autour du livre grâce à la création de bibliothèques scolaires dans plusieurs régions en Afrique.

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Prévue initialement au mois de mars, c'est finalement le 23 septembre, devant un parterre d'invités masqués et placés à au moins un mètre les uns des autres dans les salons du Quai d'Orsay, que s'est tenue la cérémonie annuelle des Trophées des Français de l'étranger du petitjournal.com. Une cérémonie destinée à mettre en lumière des initiatives remarquables de Français établis hors de France ou, pour ce qui concerne le prix remis par l'AEFE, d'ancien·ne·s élève des lycées français du monde, sans critère de nationalité.

Georgina Siaba, jeune femme ivoirienne ayant fréquenté plusieurs lycées français, est la lauréate 2020 du trophée « Ancien·ne élève ».

Olivier Brochet, directeur de l'AEFE, s'est dit très heureux de lui remettre cette distinction car « Georgina Siaba incarne parfaitement les valeurs humanistes portées par l'enseignement français à l'étranger. »

Portrait de la lauréate réalisé par France 24



Rencontre avec Georgina Siaba

(propos recueillis par téléphone pour aefe.fr)

Georgina Siaba a fréquenté plusieurs lycées français du monde car son père, diplomate, a exercé dans différents pays. Ainsi, elle a été élève du Lycée français de Séoul (Corée du Sud), du lycée français René-Descartes à Kinshasa (RDC) puis du lycée français Fustel-de-Coulanges à Yaoundé (Cameroun) où elle a passé son baccalauréat en 2011.

« Je suis un "produit" de l’éducation française car, après les lycées français, j’ai poursuivi mes études à la Sorbonne pour ensuite intégrer une école de commerce. Je suis fière d’avoir pu observer toutes les facettes de l’enseignement français, ce qui m’a aidé à être la personne que je suis et devenir manager à 26  ans. J’y ai appris trois langues, le français, l’anglais et le mandarin, mais aussi la capacité à prendre la parole en public.»

« Dans un lycée français, on rencontre des personnes de tous horizons, des expatriés français et d’autres, de toutes nationalités. On se côtoie autour de la culture française. On apprend ainsi la tolérance, l’ouverture d’esprit, dans un melting-pot de cultures. L’enseignement français est très prisé puisque c’est une éducation de haut niveau. Les lycées français sont des pépinières de talents.»

Aujourd'hui, depuis son pays natal, la Côte d’Ivoire, Georgina Siaba est responsable des études de marché pour une agence de coopération économique sud-coréenne. Parallèlement, elle dirige depuis 2015 l’association The N’Takou dont le nom signifie « aide et solidarité » en langue Yacouba. Convaincue de l’intérêt et de la force du monde associatif pour favoriser des mutations sociales, elle œuvre ainsi dans plusieurs régions en Afrique. The N’Takou collecte des livres et des jeux de sociétés en France, les expédie sur place et noue des partenariats pour l’animation et l’entretien de véritables bibliothèques et ludothèques scolaires. L’association gère également des banques alimentaires pour des cantines scolaires.

« Je suis persuadée que l’éducation est la clef pour enrayer une partie des problèmes sociaux, même si ça ne fait pas tout. Étant d’origine ivoirienne, j’ai pu constater la différence et la chance que j’ai eue d’avoir pu fréquenter les lycées français, qui ne sont pas accessibles à tous. Ce constat m’a poussée à créer mon association pour construire des bibliothèques en Afrique et militer pour le droit des enfants. »

Georgina parle avec passion de son association The N’Takou dont elle a eu l’idée alors qu’elle était étudiante à la Sorbonne puis volontaire du service civique à la Fédération des Centres sociaux et socioculturels de France.

« J’ai remarqué en revenant en Afrique, qu’il n’y avait pas de bibliothèque de quartier, ni dans les écoles, lycées, ni même dans les universités. J’ai créé cette association pour venir en aide aux enfants qui n'ont pas accès à l’éducation. J’ai commencé à implanter des bibliothèques dans des écoles à Abidjan puis j’ai développé l’association au Cameroun, au Congo. Mon père a été diplomate dans ces pays où j’ai séjourné, je connaissais donc le terrain là-bas et je pouvais gérer des activités à distance avec des représentants sur place. L’association des anciens du lycée français Fustel-de-Coulanges et de nombreuses associations de l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne ont été mes premiers soutiens. J’interviens régulièrement pour des conférences au lycée français à Abidjan et je vais écrire un livre éducatif sur la finance.»

Pour gérer son travail et son association Georgina dit devoir faire beaucoup de compromis et tenir un planning très serré (réunions avec les bénévoles, rencontres avec les directrices d’écoles, recherche de partenariats…). Les donateurs sont en France et les livres sont en français. Georgina souhaite étendre The N’Takou à tous les pays africains francophones et atteindre un réseau d’une vingtaine de bibliothèques d’ici peu.

À ce jour, l’association, qui a son siège en Ile-de-France, travaille sur  neuf implantations, dans plusieurs écoles primaires publiques d’Abidjan, de Man et de Koonan en Côte d’Ivoire, à l’Institut des jeunes sourds de Brazzaville au Congo, dans le village de Soa près de Yaoundé au Cameroun.

Passionnée d’entreprenariat social, Georgina « souhaite bâtir un système de solidarité et contribuer à ce que les Africains deviennent les acteurs de leur propre développement. On reçoit beaucoup d’aides au développement, beaucoup d’ONG internationales viennent pour nous aider. Mais je pense qu’il faut devenir responsable de notre propre destin. Il n’y a que le patient qui peut expliquer ses maux au docteur. »

La très légitime lauréate du trophée « Ancien·ne élève des lycées français du monde » conclut :
« Je retiens de cette aventure humanitaire que ce qui importe ce n’est pas la destination mais le processus et la personne que l’on devient. Dans mes vieux jours, lorsque je serai à la fin de ma carrière en finances et que j’aurai atteint les objectifs que je me suis fixés, je me dédierai totalement à ce projet. »

Une chance pour l’Afrique, la francophonie et l’éducation…