Dans les coulisses de la direction de l'OCLFM avec Adriana Tanus


Publié le 25/03/2025

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Chapo
Adriana Tanus, cheffe de l'Orchestre et chœur des lycées français du monde, partage son expérience autour de cette initiative innovante et ambitieuse.

Photo du concert de l'Orchestre des lycées français du monde dirigé par Adriana Tanus au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, dit le « Bozar », en Belgique, le 8 avril 2024
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Quels sont les défis spécifiques à la direction d’un orchestre composé de jeunes musiciens venant du monde entier ?

La diversité culturelle est une richesse incroyable, mais chercher une cohésion orchestrale pose un énorme défi. Chaque élève arrive avec sa propre formation musicale, son rapport à la discipline et des habitudes de travail très diverses. 

Pour beaucoup d’entre eux c’est leur première fois au sein d’un orchestre car dans leurs pays ou établissements ils n’en ont pas. Il faut donc créer rapidement un sentiment de groupe et une méthode de travail commune. 

L’autre grand défi est le temps limité : nous avons peu de répétitions pour construire un son d’ensemble avec des niveaux très hétérogènes… Un défi sans relâche mais passionnant.

Quels sont les objectifs pédagogiques au-delà de la musique ?

Ce projet dépasse largement la dimension musicale. Il enseigne la rigueur, l’écoute, le respect des autres et l’amour pour la différence. C’est aussi une expérience humaine où les élèves apprennent à partager avec des jeunes d’autres cultures et à dépasser les barrières grâce à un langage universel : la musique.

Ce projet dépasse largement la dimension musicale. Il enseigne la rigueur, l’écoute, le respect des autres et l’amour pour la différence.

Comment sélectionnez-vous les œuvres interprétées par l’orchestre ?

Je cherche chaque année un équilibre entre plusieurs critères : la diversité de styles et de langages musicaux, la mise en valeur de différentes sections de l’orchestre et du chœur, et l’accessibilité pour des musiciens de différents niveaux. Je privilégie aussi des œuvres qui portent un message universel et cette année particulièrement j’ai mis l’accent sur la francophonie. 

Les jeunes artistes influencent-ils les choix musicaux ?

En partie, oui ! Pendant la période de sélection des candidats, j’écoute des centaines des vidéos. À ce moment-là je perçois le niveau et les potentiels solistes. Je comprends leurs envies... Parfois, ils suggèrent des œuvres de leurs cultures d’origine, ce qui apporte une belle diversité et renforce l’esprit du projet. Mais dans tous les cas, le programme pédagogique est conçu en amont avec un esprit flexible.

Quels retours avez-vous des élèves après leur participation à l’orchestre ?

Les retours sont extrêmement attendrissants et touchants. Beaucoup parlent d’une expérience inoubliable, d’un moment unique de partage et d’émotion. Ils sont nombreux à garder des amis pour la vie et je les vois sur les réseaux se rencontrer lorsqu’ils voyagent dans différents pays. 

Ils apprécient aussi le défi musical et le sentiment d’appartenir à une grande famille. C’est aussi un projet qui leur permet de visualiser la réalité de la vie du musicien et des métiers qui l’entourent. 

Pendant ces dix jours, ils rencontrent des musiciens professionnels, des journalistes, toute une équipe de production, et vivent la vie d’un orchestre et d’un concert avec une procédure professionnelle. Certains, grâce à ce projet, n'abandonnent jamais la musique, car cela a influencé leur choix de carrière ou renforcé leur passion pour la musique. 

Dans tous les cas, après dix jours de vie ensemble, ils partent en larmes le dernier soir.

Je ne pense pas qu’il existe d’autres rencontres musicales avec autant de pays et nationalités réunis. C’est unique !

Quelles sont les ambitions pour les prochaines éditions ?

Continuer à faire grandir le projet, aussi bien en qualité musicale qu’en diversité, et lui donner plus de visibilité. Je ne pense pas qu’il existe d’autres rencontres musicales avec autant de pays et nationalités réunis. C’est unique ! Le réseau AEFE permet cette richesse qui est unique au monde. Trouver des sponsors pour alléger la charge de cette organisation inouïe. Pouvoir faire participer des grands professionnels investis dans la jeunesse comme Philippe Jaroussky, faire un partenariat avec l’Unesco car cet orchestre fait preuve de toutes les valeurs dont la société a besoin. Cet orchestre est un véritable ambassadeur culturel des lycées français du monde.