Retour sur le 6e Forum mondial des alumni des lycées français du monde, expression d’un vivier de talents francophones, solidaires et ouverts sur le monde
Publié le 20/06/2024
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Un événement fédérateur et inspirant
Du vendredi 24 au dimanche 26 mai, 150 alumni des lycées français du monde se sont réunis à Bruxelles pour la 6e édition du « FOMA » (Forum mondial des alumni). Des alumni de tous âges, de 65 nationalités différentes, venus de 44 pays ou connectés pour intervenir à distance et représentant une soixantaine d’établissements du réseau ont participé à cet événement. Un événement placé sous le haut parrainage du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères et labellisé « Festival de la Francophonie », en prélude au Forum de la Francophonie prévu en France en octobre 2024.
Après une éclipse due à la pandémie mondiale puisque le précédent FOMA, organisé à Tunis, remontait à 2019, le FOMA de Bruxelles a permis de faire renaître la dynamique du réseau des alumni des lycées français du monde. Il a été un nouveau révélateur de la force vive que constituent ces anciens élèves à travers le monde, large communauté de talents francophones et multiculturels portés par des valeurs fortes et partageant largement une vision inclusive de l’humanité.
Reçus chaleureusement à la Résidence de France le vendredi soir, les alumnis se sont réunis le samedi au lycée français, presque sur les bancs de l’école, pour des moments d’échanges et de réflexion. Ils et elles se sont ensuite retrouvés pour un dîner de gala au Centre belge de la bande dessinée puis pour des activités ludiques, sportives ou culturelles le dimanche matin.
En présence de la directrice générale de l’AEFE, de parlementaires et de représentants du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, les alumni ont eu grand plaisir à partager de nombreux témoignages sur l’impact qu’a eu la scolarité dans un lycée français du monde sur leurs choix de vie et leurs parcours professionnels.
Des liaisons en direct avec des responsables d’associations d’alumni ailleurs dans le monde ont permis d’avoir un large aperçu d’actions menées à Bangkok (Thaïlande), Kigali (Rwanda), Rome (Italie), Mexico (Mexique) et Montevideo (Uruguay). La célébration du réseau de l’enseignement français se déroulait donc en multiplex et, parmi les liaisons intercontinentales, il y a eu notamment celle avec Johanna Lévy, lauréate du Trophée Alumni des lycées français du monde 2024 pour son action en faveur des réfugiés en Thaïlande.
Une table ronde, sur la thématique « Les lycées français du monde, un haut lieu du vivre-ensemble », ainsi que des ateliers de réflexion citoyenne ont permis de mieux cerner la spécificité de l'enseignement français à l'étranger et de dessiner des perspectives d'engagement.
Les intervenants de la table ronde :
Les échanges étaient conduits par Nathalie Buet, responsable éditoriale du site FemmExpat et ancienne élève du lycée français de Prague.
- Anaïs Augagneur, ancienne élève du Lycée français international de Dubai, jeune diplômée (EDHEC et ESCP) et entrepreneuse,
- Yassine Chabli, ancien élève du collège Paul Gauguin d'Agadir et du lycée Lyautey de Casablanca, entrepreneur dans le domaine digital, fondateur de Beekast,
- Elyès Jouini, ancien élève du Lycée français Pierre-Mendès France de Tunis, professeur des universités,
- Paul Mamère, ancien élève de plusieurs établissements au Maroc, étudiant et producteur, sur les réseaux sociaux, de contenus qui sont des plaidoyers pour l'inclusion,
- Dominique Tchimbakala, ancienne élève du Lycée français de Brazzaville, ancienne présidente de l’Union-ALFM, journaliste à TV5 Monde,
- Nicolas Vadot, ancien élève du Lycée français Jean-Monnet de Bruxelles, dessinateur de presse et auteur de bandes dessinées.
Les thématiques des ateliers d'échanges et de réflexion :
- Géopolitique : les alumni, un réseau interculturel vecteur de la paix et du vivre ensemble,
- Innovations technologiques : quels usages pour quelles finalités ? Le rôle des alumni.
- Transition écologique et sociale : quelle mobilisation des alumni ?
- Liens intergénérationnels entre alumni : comment créer du lien intergénérationnel ?
- Valoriser des atouts des alumni : l’impact de la scolarisation dans un lycée français à l’étranger sur la carrière ?
Message vidéo de Stéphane Séjourné, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères
Transcription du message :
C’est avec un grand enthousiasme que je m’adresse à vous aujourd’hui à l’occasion du lancement du forum mondial des alumni à Bruxelles, un événement labellisé « Festival de la Francophonie ».
Ce forum est une célébration, une fête, celle de notre réseau mondial, de nos valeurs communes et de nos réussites partagées.
Le réseau des lycées internationaux français joue un rôle essentiel dans la politique francophone de la France, une priorité de notre gouvernement. Plus de 600 000 alumni ont eu la chance de passer par un de ces établissements formant une communauté de francophones et de francophiles solidaires. Que vous soyez diplômé de Buenos Aires, New York, Dakar ou Tokyo, le lien qui nous unit est fort et indéfectible.
En tant qu’ancien élève d’établissement français à l’étranger, je sais à quel point ces années sont formatrices et marquantes. Ces rencontres entre alumni ne sont pas seulement des moments de convivialité, elles sont aussi des opportunités professionnelles.
Alors je tiens à remercier chaque poste diplomatique qui organise ces événements entre alumni AEFE et Campus France. Vos efforts permettent de renforcer ces liens entre différentes communautés, enrichissant ainsi notre réseau mondial. À travers vos témoignages et vos retours d’expériences, vous donnez envie aux parents d’inscrire leurs enfants dans nos établissements d’excellence. Vous êtes nos meilleurs ambassadeurs. Parmi vous, nous comptons des personnalités imminentes, comme Marjane Satrapi, Mika, Judy Foster et Ammin Maalouf. Enfin, je voudrais félicilter Johanna Mévy, lauréate Alumni des lycées français du monde 2024 avec son travail remarquable avec son ONG d’aide aux réfugiés en Thaïlande.
Votre parcours est une source d’inspiration pour nous tous. Il reflète parfaitement les valeurs de solidarité et d’engagement que nous chérissons. Merci à tous pour votre participation et votre engagement. Ensemble, continuons à faire vivre cet esprit francophone qui nous a unis et qui nous aide à bâtir un avenir prometteur.
Mise à l’honneur du principe d’inclusion
Paul Mamère, alumni du lycée Descartes de Rabat au Maroc, est le premier élève porteur de trisomie 21 du réseau à obtenir le baccalauréat, avec mention.
Au cours du FOMA, il a été nommé ambassadeur de l'inclusion au sein de l'Union-ALFM. Félicitations à Paul pour la reconnaissance de son engagement en faveur de la diversité et de l'inclusion, au service de la réussite de tous les élèves !
Désormais en formation de journaliste, Paul a réalisé des reportages qui permettent une véritable immersion parmi les participants du FOMA.
Aperçu :
Verbatim
Claudia Scherer-Effosse
Directrice générale de l’AEFE
« Est-on seulement un ancien élève de son lycée (ou de ses lycées) d’origine ou est-il possible de se sentir aussi ʺalumni des lycées français du mondeʺ ? La réponse appartient à chacun bien sûr mais votre présence au FOMA est la preuve que l’on peut être à la fois issu d’un ou plusieurs établissements et avoir envie de rencontrer des alumni d’autres pays, d’autres continents. En quelque sorte, il s’agit d’aller puiser dans ses racines pour continuer à grandir L’expérience unique et individuelle de votre scolarité dans le réseau vous rassemble.
Au-delà des valeurs propres à l’enseignement français et partagées, je crois que vous avez été à l’école de la tolérance. Vous avez appris et accepté l’altérité : l’autre est différent et je le respecte pour ce qu’il est. Ceci se pratique au quotidien lorsqu’il y a une moyenne de 40 nationalités par établissement.
Fort de cette conscience de l’altérité et de votre éducation à la tolérance, je sais aussi que vous saurez apporter un peu de modération et de paix dans un monde en attente d’espérance. »
Clarisse Gérardin
Sous-directrice de la langue française et de l'éducation à la direction de la diplomatie d'influence au ministère de l'Europe et des affaires étrangères
« Faire le choix d’un établissement français, ce n’est pas au détriment d’une langue locale ou de l’anglais. Le choix n’est pas privatif ; il suit une logique cumulative. C’est le choix du français et du plurilinguisme. Et l’on se retrouve avec des jeunes de 18 ans qui manient quatre langues… C’est le miracle des lycées français.
Quels que soient l’ancrage local et la tradition de chaque établissement, la diversité des établissements, il y a une unité de programme – et le programme français porte en lui ces valeurs de tolérance, d’humanisme, d’ouverture à l’Autre –, il y a une unité d’état d’esprit, une unité d’excellence et je sais que vous vous reconnaissez entre anciens des lycées français. Vous vous reconnaissez à travers l’éducation reçue, à travers votre ouverture d’esprit, votre aisance à l’interculturel, et pour nous Français, c’est une grande fierté. Merci d’être là. »
Ahmed Mernissi
Alumni du lycée Lyautey de Casablanca, président de l'Union-ALFM
« Le rêve que j'ai et qui j'espère deviendra un jour réalité, c'est que nous ayons une Maison des alumni à Paris, notamment pour accompagner les jeunes anciens élèves venant faire leurs études en France, pour leur faciliter leur installation et les entourer par un réseau d'entraide. »
Yvan de Launoit
Alumni du lycée français Jean-Monnet de Bruxelles (Belgique) dont il préside l'association des anciens élèves, directeur de recherche au CNRS dans le domaine de la cancérologie, membre de l'Académie royale de médecine de Belgique.
« Mon père est belge et ma mère autrichienne. Je suis arrivé en CE2 au lycée français Jean-Monnet et j'y suis resté jusqu'à la terminale. Mes quatre enfants y ont été scolarisés et mes deux petit-enfants y entrent à l'école à la rentrée 2024. Mon histoire avec le lycée français dure depuis 53 ans ! Pourquoi mes parents, moi-même puis ma fille avons-nous choisi de mettre les enfants au lycée français ? Bien sûr, c'est parce qu'on y trouve, un enseignement rigoureux, ouvert sur les Lumières, mais aussi et surtout, parce que les élèves, très jeunes y sont confrontés au multiculturalisme, au multireligion, à l’Autre en général. Dans le monde extrêmement compliqué qui est le nôtre, ça nous a permis, ça m’a permis personnellement, de faire en sorte d’être beaucoup plus ouvert et beaucoup plus tolérant. »
Damien Comolli
Alumni des lycées français de Mexico et San Francisco, président du Toulouse Football club
« Avoir été élève au Lycée franco-mexicain de Mexico puis au Lycée français de San Francisco a changé ma vie. Plutôt « mauvais élève », je n’étais réellement intéressé que par le football. Devenu boursier, je me suis mis à travailler pour honorer la chance qui m’était offerte. J’ai pu apprendre à parler couramment l’espagnol et l’anglais. Grâce à cela et à ma double culture sportive américaine et française, j’ai pu décrocher des jobs qui ont compté dans ma carrière d’entraîneur et de responsable sportif. »
Elyès Jouini
Alumni du lycée Pierre-Mendès-France de Tunis, professeur des universités (économie et mathématiques), ancien vice-président, pendant quinze ans, de l’université Paris-Dauphine, membre du gouvernement tunisien de transition (2011), administrateur de l’Institut universitaire de France, responsable de la chaire Dauphine-UNESCO « Femmes et Science ».
« L’ouverture au monde est tout-à-fait inhérente à la formation que j’ai reçue. Je me suis toujours senti comme un pont entre les deux rives de la Méditerranée et au-delà.
Le passage par les lycées français, c’est bien sûr un lien avec la langue française, avec la culture française, avec la francophonie, avec le pays dans lequel on se trouve, mais c’est beaucoup plus que cela, c’est la découverte de l’Autre, le respect de l’Autre, mais c’est également la découverte que l’Autre, c’est aussi moi. Ce n’est pas seulement le fait de le reconnaître et de le respecter, c’est le fait d’être capable de partager avec lui et de m’identifier en quelque sorte à lui. »
Yassine Chabli
Alumni du collège français d’Agadir et du lycée Lyautey de Casablanca, ingénieur et entrepreneur, fondateur notamment de Beekast
« En faisant toute ma scolarité au Maroc à l’école française et au lycée français, je baignais dans un univers binational sans trop y penser et ça a toujours été ma normalité, marquée par l’ouverture d’esprit, par le fait de pouvoir parler plusieurs langues. De plus, le niveau scolaire était excellent. Ensuite, pour l’entreprenariat, c’est une force. L’entreprenariat, c’est aller à la rencontre des gens pour créer des opportunités business. »
Anaïs Augagneur
Alumni de lycées français en Arabie Saoudite et à Dubaï, jeune diplômée (EDHEC et ESCP Business School)
« Quand j’étais en Arabie Saoudite, je faisais partie de l’association des Français qui parlaient arabe ; à Dubaï, nous avons organisé les Jeux du Golfe ; à l’EDHEC, je faisais partie du bureau des élèves… Quand on est expatrié, quand on vit dans un autre pays, on a envie de s’engager, de s’impliquer.
Dans un lycée français, on vient presque tous d’ailleurs et on est obligé de s’entendre, de s’ouvrir ».
Elyès Jouini
« Effectivement, dans un lycée français, il y a des élèves locaux qui ont fait le choix d’aller un peu ailleurs, des Français qui sont à l’étranger et des gens qui sont de toutes les autres nationalités. Finalement, il n’y a pas d’autres choix que d’aller vers l’Autre et d’apprendre à partager. »
Paul Mamère
Alumni du réseau au Maroc, premier bachelier avec mention porteur de trisomie 21, producteurs de contenus sur les réseaux sociaux, étudiant en journalisme
« Je suis la preuve qu’une éducation inclusive peut faire la différence. Ce vivre-ensemble, c’est un combat de tous les jours. Je suis ici avec vous pour partager mon histoire, une histoire faite de travail, de patience, de réflexion, de maladresses qui m’ont permis de grandir, d’apprendre, de devenir celui que je suis. Merci pour votre soutien, pour que nous continuions à construire ensemble un monde plus inclusif et que le vivre-ensemble se porte encore mieux. »
Dominique Tchimbakala
Alumni du lycée français Saint-Exupéry de Brazzaville et ancienne présidente de l’union-ALFM, journaliste, présentatrice du journal Afrique à TV5MONDE
« TV5MONDE, c’est une chaîne francophone, avec des Français, des Suisses, des Belges, des Canadiens, des Africains, etc. et c’est ce qui ressemble le plus à mon lycée de Brazzaville. TV5MONDE, c’est ce qui correspond au métier que je sais faire mais aussi à ce que je suis, c’est-à-dire quelqu’un qui s’est construit avec des gens différents, de tous les pays de la Terre. À TV5MONDE, ce qui nous réunit, c’est la langue française. C’est précisément ce que j’ai connu au lycée français de Brazzaville. Cette expérience est fondatrice dans l’acceptation de l’Autre.
Le vivre-ensemble à l’école, c’est aussi intégrer l’égalité filles-garçons, et c’est un axe fort à l’AEFE. »
Nicolas Vadot
Alumni du lycée français Jean-Monnet, dessinateur de presse et de bandes dessinées, lauréat du Trophée Alumni des lycées français du monde 2017
« Mon père était français, ma mère est britannique et j’ai toujours été élevé dans la double culture. J’ai passé mon enfance en Haute-Savoie où j’étais pointé comme l’étranger de service. Quand je suis arrivé au lycée français de Bruxelles, moi qui étais bilingue et biculturel, je me retrouvais face à des gens qui commençaient une phrase en espagnol, la poursuivait en italien, la terminait en anglais et qui venaient de partout. Ça m’a ouvert les yeux sur l’altérité. J’ai épousé une Australienne. On a vécu six ans en Australie. J’ai été baigné dans l’universalisme et les idées des Lumières. C’est lié à mon désir de faire du dessin politique, ce que je fais depuis trente ans. »
Elyès Jouini
« On peut être à la fois différent et semblable et c’est peut-être ça, l’un de nos rôles, celui de témoigner, porter ce discours, d’être les promoteurs de la différence comme enrichissement, comme passerelle vers l’Autre.
Le fait de témoigner, d’aller dans les écoles, fait bouger les choses. Nous sommes environ 600 000 et nous pouvons être autant d’ambassadeurs qui pouvons témoigner. Avec Femmes et Sciences, on a constaté qu’un témoignage d’une heure dans un lycée a un impact sur les choix d’orientation de jeunes filles et de jeunes gens. »
Dominique Tchimbakala
« Avant la pandémie de covid, l'Union-ALFM organisait des forums professionnels, pour accompagner les jeunes alumni dans leurs premiers pas dans le monde du travail, en favorisant des prises de contact, en contribuant à les mettre en réseau avec le monde de l’entreprise. Il faudrait reprendre ces initiatives. »
Volana Ramanoela
Alumni du Lycée français de Moscou, responsable RH dans un grand groupe pharmaceutique
« Il faut que les alumni du réseau prennent conscience que leur parcours scolaire leur a en fait permis de développer de véritables compétences professionnelles, pas seulement des qualités personnelles, mais des compétences comportementales (des softskills dit-on en anglais) comme l'ouverture culturelle, l'empathie, la capacité d'adaptation, l'appétence pour la mobilité... qui sont très recherchées par les employeurs ouverts sur l'international. Il faut que les alumni signalent dans leur CV leur parcours scolaire dans le réseau des lycées français du monde. »